LouiSimone Guirandou termine l’année 2020 avec une Carte Blanche offerte à Albéric Kouassi dont les œuvres seront accompagnées de celles de Nù Barreto, Cédric Ezan et Obou.
Cet accrochage place la fin de l’année sous le signe de la couleur et de l’optimisme avec des travaux de styles et techniques très divers.
Pour sa carte blanche, c’est le poème de Victor Hugo « Ceux qui vivent, sont ceux qui luttent » qui se rappelle à Alberic Kouassi. Dans un contexte sanitaire et politique incertain, à l’époque de l’individualisme roi, lorsque les idéaux semblent passés au rang des illusions, l’Artiste convoque des Anges Penseurs, des « Indignés » qui nous interpellent sur notre engagement personnel dans une société qui voit sans cesse se creuser le fossé entre les classes sociales.
C'est la même inquiétude qui anime Nù Barreto avec sa série de drapeaux "Etats désunis d'Afrique". L'oeuvre présentée : "Ca Va Aller" est issue de cette série. En remplaçant les couleurs de la bannière étoilée américaine par le rouge, le jaune et le vert, les trois couleurs que l’on retrouve le plus souvent dans les drapeaux des cinquante-quatre états africains, l’Artiste pointe la désunion de son peuple qu’il tient pour responsable des maux de la société africaine.
Selon lui, c’est cette incapacité à regarder ensemble dans la même direction qui cultive la dépendance des nations africaines à l’égard des puissances extérieures à leur continent. Les étoiles noires dispersées de manière anarchique sur les bandes déchirées des drapeaux panafricains de Nú Barreto sont à l’image de la situation qu’il dénonce. Derrière la portée contestatrice de son oeuvre, l’artiste conserve une confiance indéfectible en l’humain. Ce pouvoir vertueux de l’art inspire à l’artiste des oeuvres engagées mais porteuse d’un message d’espoir. Une Afrique pleines de ressources intellectuelles et culturelles capable de se libérer de son passé pour mieux se réinventer.
Diplomé de l'Institut National Supérieurs des Arts de Côte d'Ivoire en 2019, Obou est directement témoin des violences faites aux civils à Man à l’époque des tristes événements qui secouent la Côte d’Ivoire en 2002. Il s’exile avec sa famille à Abidjan où il découvre soirées d’ambiance populaire et les lumières de la ville mais aussi la précarité et la surpopulation des quartiers populaires. Ses recherches depuis l’école des Beaux-Arts portent sur les différentes facettes du monde et ses contradictions. La saturation des paysages urbains et la congestion des foules en marche, la violence, la joie, l’angoisse et les rêves sont le leitmotiv de ses créations. Les visages empreints de modernité, sont de plus en plus souvent dissimulés sous des masques Dan de sa région d’origine, comme pour occulter le désarroi de ses personnages et le fil agressé de leur histoire. Au travers de l’impassibilité des masques, de leur factice tranquillité, les créations d’Obou montrent les visages et leur double dans une paradoxale et puissante proximité.
Cédric Tchinan quant à lui voit et montre le lien existant entre les hommes. Dans son travail plastique, la ligne représente ce lien fragile qui nous rattache les uns aux autres. Ainsi, l'Artiste utilise une écriture assez expressive et simple, proche du gribouillage ; l’effet optique mettant en valeur sa sensibilité et l'esthétique de son travail. Ce travail nous interroge sur nos relations avec autrui, tous ces NOUS auxquels nous contribuons et qui nous constituent. Le nous de la famille, celui des amis, le nous des voisins …, le nous de l’humanité toute entière apparaissent sur les toiles colorées de Cédric et sous les arabesques de la ligne continue dessinant ses personnages.