La pyrogravure, alliée au bois, me donne la certitude que mon travail restera. J’aime que mon geste s’inscrive profondément dans la matière, afin que le message demeure.
(Lydia Matiegou-Keïta)
Lydia Matiegou-Keïta Guinéo-Française, 1999
Née en 1999, Lydia Matiegou-Keïta est une artiste pluridisciplinaire diplômée de l’École des Beaux-Arts de Paris, avec les félicitations du jury pour la générosité de sa démarche et la diversité des supports qu’elle mobilise. Son parcours atypique débute par des études de management et une première expérience professionnelle. Une prise de conscience — « je n’étais pas faite pour ça » — la conduit à changer de voie : elle intègre en 2022 une classe préparatoire, avant de rejoindre les Beaux-Arts.
Sa série Forêt de Baobabs mêle bois, gestes spontanés et pyrogravure pour composer des formes fragiles, organiques, où se rejoignent mémoire intime et présence sculpturale. Inspirée par les récits familiaux, la nature et les cycles du vivant, Lydia interroge les notions de filiation, de répétition et de transformation.
Son rapport à la matière est sensible, presque instinctif. Elle travaille des matériaux modestes, souvent récupérés — bois, contreplaqué, polystyrène — qu’elle choisit pour leur disponibilité, leur texture, leur mémoire implicite. La pyrogravure l’attire par la puissance de sa trace : graver, brûler, inscrire, pour faire durer. Marquer la surface jusqu’à la faire parler, jusqu’à faire remonter des présences enfouies.
Le baobab, figure tutélaire de la culture mandingue et des contes de son enfance, devient pour elle un motif récurrent, presque totémique. Elle s’en empare dans une série de formes pyrogravées, répétées, variations d’un même écho. À ses arbres se mêlent des archives intimes — photographies, visages familiers — scellées dans la matière.
À travers ses œuvres, Lydia fait vivre une mémoire en mouvement — non comme une archive statique, mais fluide, vivante, traversée par le temps et les histoires qui s’entrelacent. Ses installations et sculptures deviennent des lieux où passé et présent se rencontrent, où les souvenirs s’animent, se transmettent et se transforment. La matière elle-même, en portant les traces du geste et de la mémoire, invite le spectateur à un dialogue intime, une résonance qui évolue selon le regard et le temps. Ainsi, la mémoire n’est plus seulement conservée, elle circule, se renouvelle, et s’inscrit dans un perpétuel devenir.