« Le papier est un lieu de pensée, de doute, de tentative. Il accepte les erreurs, les changements, les remords. »

 

William Kentridge

PAPIER LIBRE 

Souple, fragile, malléable et pourtant si puissant : le papier traverse les siècles et les cultures comme support de transmission, de mémoire et d’expression. L’exposition collective, “Papier Libre”, réunit les artistes Oumar Ball, Faten Rouissi, Christophe Sawadogo et Eric Wonanu, qui ont en commun d’avoir fait de cette matière un terrain d’expérimentation plastique et poétique.

 

Chacun selon sa propre démarche, convoque le papier pour questionner la mémoire, l’introspection, l’identité ou les dérives sociopolitiques. Qu’il soit saturé d’encre, travaillé en couches, découpé, griffé ou assemblé, le papier devient ici un espace de tension, de réflexion, d’ouverture.

 

Avec Oumar Ball, le papier s’associe au fil de fer, au métal, à la matière brute. Dans ses œuvres, l’artiste mauritanien sculpte la lumière, le vide et les contours d’une identité en mouvement, nourrie par l’enfance, la récupération, et une quête poétique de l’équilibre.

 

Chez Faten Rouissi, le papier se fait matière politique. Il accueille les mots, les gestes, les symboles d’une société en pleine mutation. L’artiste tunisienne développe une œuvre plurielle et critique, où le médium papier sert de base à des installations questionnant le pouvoir et l’espace public.

 

Christophe Sawadogo, du Burkina-Faso, trace des silhouettes oniriques à l’encre et au crayon, entre poésie et engagement. Ses compositions, empreintes de sérénité, abordent des thématiques telles que la migration ou la condition humaine, tout en rendant hommage à la résilience de la femme. 

 

Éric Wonanu propose une introspection sensible et dépouillée. Dans sa série "Involution de l’âme", l’artiste togolais explore la fragilité de la psyché à travers des dessins spontanés, rythmés de mots effacés et de corps repliés sur eux-mêmes. Le papier devient métaphore de la mémoire, du doute, de l’errance intérieure.

 

Papier Libre rend hommage à cette matière modeste, capable d’absorber les gestes et les pensées, d’épouser les formes les plus complexes et les émotions les plus intimes. Une invitation à réévaluer le papier, non plus comme simple support, mais comme acteur de la création contemporaine.